13 décembre 2007

41.9

Elle ramassa le chapeau sur la coiffeuse, l'enfonça sur sa tête et se dirigea d'un pas décidé vers le perron.

Blog de lelio : Lélio et le mystère de la femme brune, 41.9

Elle marcha droit devant elle en direction de la gare routière en priant de trouver quelqu'un pour la prendre en stop.

Dehors, il pleuvait...



40.8

Blog de lelio : Lélio et le mystère de la femme brune, 40.8

Lélio s'était endormi, un sourire heureux flottant sur ses lèvres. Bella embrassa tendrement son épaule nue, puis, elle se leva avec détermination pendant qu'elle en avait encore le courage. Sans faire de bruit, elle se dirigea vers l'armoire pour en tirer un pantalon et un tee-shirt. Elle s'habilla en vitesse, noua ses cheveux en deux tresses égales et s'assit à la coiffeuse. Elle ouvrit précautionneusement le tiroir, en fit glisser une feuille vierge et un stylo plume, puis s'attela à la tâche la plus difficile qu'elle ait eu à  faire (cela, elle en était intimement persuadée, même amputée de ses souvenirs) :

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Elle le contempla une dernière fois longuement, voulant graver à  jamais ses traits dans sa mémoire.

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Elle tourna rapidement les talons de peur de se laisser attendrir.



39.8

Blog de lelio : Lélio et le mystère de la femme brune, 39.8

Ensuite... Lélio ne se souvint pas comment ils rentrèrent à  la villa, ni comment ils se retrouvèrent dans la chambre les mains soudées et leurs yeux se dévorant avec une sorte d'avidité douloureuse... Ils restèrent un long moment ainsi à s'avouer silencieusement le désir qu'ils avaient l'un de l'autre.

Plus rien ne comptait que ce moment hors du temps.

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Le lit craqua quand ils se laissèrent lourdement tomber dessus...



38.8

Blog de lelio : Lélio et le mystère de la femme brune, 38.8

Sans trop savoir comment, ils se retrouvèrent sur la piste de danse. Lélio n'aurait pu désirer meilleure chanson pour accompagner leur premier slow : c'était Stairway to Heaven de Led Zeppelin. Lélio entendait son cœur battre la chamade. Il tentait de rester lucide en maintenant une distance respectable entre leurs deux corps mais ce fut Bella qui abolit toute convenance en se serrant étroitement contre lui.


37.8


Evidemment, la jeune femme n'entendait pas écourter la soirée, et Lélio n'eut pas le cœur de contrarier son envie de s'amuser. Il l'emmena dans un restaurant situ& à la lisière du désert. C'est sous un ciel d'indigo constellé de mille étoiles qu'ils prirent place sur la terrasse du premier étage. La terrasse leur offrait une vue magnifique sur l'immensité figée du désert.
Lélio et la jeune femme goûtaient en silence la douceur de cette nuit.


« Merci», murmura-t-elle finalement d'une voix presque inaudible.

Le jeune homme la regarda d'un air surpris et interrogatif.

« Merci de m'avoir présentée à votre amie Inna sous un prénom d'emprunt... lui expliqua-t-elle. Vous ne pouvez pas savoir ce que cela représente pour moi. Vous m'avez donné, même fugitivement, une identité. Bella... C'est joli... D'où cela vient-il ?

— C'est de l'italien, cela signifie belle... Parce que vous me faites penser à una ragazza bella...

— Bella... répéta-t-elle rêveusement. Cela me plaît beaucoup... Me trouveriez-vous ridicule si j'empruntai ce prénom jusqu'à ce que la mémoire me revienne ?

— Eh bien, Bella, trinquons à votre nouveau prénom.»


Ils se sourirent avec complicité.

Le reste du dîner se déroula avec le même bonheur. Puisque Bella ne pouvait parler d'elle, ce fut Lélio qui lui confia ses souvenirs d'enfance et d'adolescence. Bella se passionnait pour ses paroles et le relançait de mille questions.

Peu à peu, les dernières barrières tombaient. Ils étaient surpris de s'entendre aussi profondément, eux qui ne se connaissaient que depuis 24 heures.


Lélio, le cœur plein d'espérances, osa poser sa main sur la sienne sans croire que Bella la lui abandonnerait. Elle lui rendit la pression de ses doigts, remerciant silencieusement la pénombre de cacher la soudaine rougeur qui envahissait ses joues.


Une heure plus tard...


La jeune femme s'était sagement assise sur un bout de banquette, non loin de la piste de danse où Lélio officiait, indifférente au bruit et à la presse.


Elle ne pouvait s'empêcher de repenser au moment où elle était sortie de la salle de bain, savamment maquillée et coiffée (tiens, encore un talent à son actif !), revêtue d'une robe en lamé d'or qui l'habillait comme une seconde peau et qui dévoilait son dos et son ventre musclés. Lélio était resté comme pétrifié à son apparition. Elle avait juste eu le temps de voir s'allumer fugacement dans ses yeux clairs une lueur de désir.


De son côté, Lélio avait bien du mal à se concentrer sur sa platine et tentait vainement d'oublier la présence de la belle inconnue tout près de lui. « Cette femme est trop belle pour toi, n'y pense même pas, essayait-il de se convaincre ». Il se sentait au supplice de poursuivre après son travail la soirée en sa compagnie. Comment se désister sans la décevoir ?


35 .7



Reprise par ses démons, elle resta prostrée de longues heures, les bras repliés autour de son buste, à se balancer d'avant en arrière, cherchant désespérément la plus petite étincelle de sa vie passée.

Elle repensa soudain au piano droit au fond du salon et c'est tout naturellement qu'elle y descendit pour s'asseoir sur le tabouret et laisser courir ses doigts sur les touches noires et blanches. Son visage transfiguré reflétait le plaisir qu'elle prenait à jouer.


C'est ainsi que la découvrit Lélio, complètement habitée par la musique. Il choisit de taire sa présence pour la contempler à sa guise. La voir si belle, si gracieuse, si racée le comblait de
bonheur...Enfin, il se résigna à rompre le charme en applaudissant à tout rompre la prestation de la jeune femme, qui sursauta.

« Oh ! Je ne vous avais pas entendu arriver, lui murmura-t-elle dans un sourire.

— Je ne voulais pas interrompre ce « Clair de lune » si poignant. Beethoven ne l'aurait pas renié... Je ne savais pas que vous étiez une pianiste si émérite...

— A vrai dire, je ne le savais pas moi-même... et je ne savais pas que j'étais en train de jouer du Beethoven... J'ai juste eu envie de jouer... et c'est venu comme ça, spontanément !

— Comme quoi, vous n'avez pas tout oublié et vous avez préservé la mémoire de vos compétences et talents... Je me demande quel autre don vous allez mettre en pratique ?»

L'inconnue était tellement contente de le revoir qu'elle ne put se retenir de le taquiner :

« Je ne sais pas pourquoi mais je suis persuadée que vous venez de faire allusion à mes prétendus talents de cuisinière... Je vous préviens, ce sera à vos risques et périls !

— J'aurais vraiment aimé vous voir vous affairer aux fourneaux mais malheureusement je dois retourner à la discothèque dans une heure pour prendre mon service.»

La jeune femme ne cacha pas sa déconvenue.


« Vous allez donc me laisser encore toute seule ?

— Je n'ai pas pu me décommander à la dernière minute, cela n'aurait pas été convenable... Par contre j'ai pris mes dispositions pour les jours à venir...»

La jeune femme sentit à nouveau un puissant sentiment d'angoisse l'envahir. Elle se mit à trembler sans pouvoir se maîtriser.

« Je vous en prie, n'est-il pas possible que je vous accompagne ? insista-t-elle au bord du désespoir.»

Lélio sembla hésiter et la jeune femme poussa son avantage :

« Ne pensez-vous pas que cette expérience pourrait m'aider à guérir ? Provoquer un déclic ou du moins raviver quelques souvenirs ?

— Dépêchez-vous alors... Vous avez une heure pour vous préparer...»


34.7


La jeune femme se retrouva alors livrée à elle-même. A ses pensées. A ses angoisses. Plus elle tentait de fouiller dans sa mémoire, plus celle-ci se dérobait, la laissant désemparée. « Je ne suis plus personne, plus personne, gémit la jeune femme. Suis-je mariée ? Ai-je des enfants ? Ma vie est-elle palpitante ou ennuyeuse à mourir ? Quelqu'un s'inquiète-t-il de mon absence ? Et si oui, est-ce bon signe ou mauvais signe pour moi ? Mais qu'a-t-il bien pu m'arriver pour que j'oublie jusqu'à mon nom ? »


Elle renifla brusquement ses larmes, décidée à faire le clair sur cette histoire. Peut-être parlait-on d'elle dans les médias ? Mais elle eut beau regarder à la télévision la chaîne câblée d'information en continu, puis plus tard feuilleter la presse écrite régionale, il n'était question nulle part d'une affaire pouvant se rapporter à la sienne. Aucune disparition évoquée, aucun enlèvement, rien... A croire, qu'elle avait brusquement surgi de nulle part.

A l'heure de la surmédiatisation, pouvait-on disparaître ainsi sans provoquer la moindre curiosité?

_________________________________________________________________________

Finalement, je me suis décidée à publier la
1ère partie de cette maj, étant en ce moment trop occupée pour
prendre la suite des photos ... La suite à venir dans pas trop
longtemps normalement...



33.7


Après le départ d'Inna, Lélio remonta lentement l'allée des palmiers, l'esprit agité de sombres pensées. Comment annoncer le diagnostic de son amie à l'inconnue sans la plonger dans le désespoir ?

Arrivé au salon, le jeune homme plaqua un sourire de façade sur ses lèvres avant d'affronter la jeune femme et ses questions.

Il choisit de se montrer rassurant, persuadé que l'optimisme aiderait davantage Bella. Il serait assez tôt de s'inquiéter si l'amnésie de la jeune femme se prolongeait.

Leur conversation avait pris un tour plus agréable quand ils furent interrompus par la sonnerie de téléphone de Lélio.

« Je suis désolé, mademoiselle, mais je vais devoir vous abandonner quelques heures... La boîte de nuit où je travaille comme disc-jockey vient d'être victime d'un cambriolage et je dois y aller pour vérifier si des vinyles nous ont été volés...

— Mais... protesta faiblement la jeune femme.

— N'ayez aucune crainte : vous êtes en sécurité dans cette villa et je vais tenter de revenir le plus vite possible... Faites-vous livrer une pizza si vous avez faim, il y a de l'argent dans la boîte à bonbons... Et je vous laisse mon numéro de portable en cas d'urgence.»



32.7

Une demi-heure plus tard, Lélio raccompagnait Inna à l'ambulance, inquiet du diagnostic que la jeune interne pourrait établir.


« Alors ? s'enquit-il avec impatience.

— Alors... Tu sais... non bien sûr, tu ne sais pas... eh bien, l'amnésie peut prendre plusieurs formes : elle peut être permanente ou temporaire, globale ou sélective. Elle peut être rétrograde : le souvenir d'événements antérieurs à la cause de l'amnésie est effacé. Ou elle peut être antérogr...

— D'accord, d'accord, d'accord, la coupa Lélio passablement agacé. Je ne doute pas de l'intérêt majeur de ton exposé détaillé, mais là, en l'occurrence, de quoi souffre Bella ?

— Eh bien, continua Inna sans s'émouvoir de l'éclat de son ami, après avoir longuement interrogé Bella, il apparaît clairement qu'elle se souvient parfaitement de tous les événements survenus depuis votre rencontre, mais rien, absolument rien avant... Donc, ce serait une amnésie psychogène généralisée, provoquée par un choc émotionnel. D'ailleurs, bien que n'ayant décelé aucune blessure à la tête, je ne saurais que te conseiller de vous rendre à l'hôpital pour lui faire subir un examen approfondi... et des examens complémentaires !

— Hem... oui, oui, évidemment...mais, dans combien de temps crois-tu qu'elle va recouvrer la mémoire?

— Oh là là ... Sa mémoire peut revenir d'ici quelques minutes... comme dans quelques jours... voire plusieurs mois... ou jamais ! Et à ce moment, la fin de son amnésie risque d'être soudaine et d'entraîner la perte du souvenir des événements survenus pendant son amnésie... Dans tous les cas, Bella est très fragile et aura besoin d'être entourée... Je ne te cache pas que des troubles liés à son amnésie peuvent survenir : agressivité, troubles de l'humeur, troubles de la personnalité, pulsions suicidaires...

— Ah ben, c'est gai... t'es sûre que t'oublies rien là , ironisa Lélio qui ne voulait pas se laisser envahir par le découragement.»


Inna lui déposa un baiser rapide sur la joue...

« N'hésite pas à m'appeler en cas de besoin, Lélé... Allez, courage, preux chevalier des temps modernes... Si Bella tenait un journal ou suivait des séances d'hypnose, peut-être que cela l'aiderait dans sa thérapie !»


31.7

Lélio l'accueillit en bas du perron et la mit rapidement au fait des récents événements. La jeune fille lui pinça tendrement la joue et se moqua gentiment :

« Décidément, tu as le chic pour te mettre dans des situations pas possibles... Et comme par hasard, je suis sûre que la demoiselle en détresse est une jeune beauté émouvante qui t'a ému autant que ses malheurs !»

Lélio ne trouva rien à répondre bien qu'il trouvât ces propos injustes.


Voulant faire diversion, il hâta les présentations :

« Inna, je te présente une amie de passage... Et... Euh... Bella, voici le docteur Moramento...»

Tandis qu'Inna serrait chaleureusement la main de l'inconnue, Lélio haussa les épaules derrière son dos tout en adressant un sourire contrit à «Bella» ! Il avait été pris de cours et avait lancé le premier prénom qui lui était venu à l'esprit.


30.6

Après quelques secondes de silence, la jeune femme finit par accepter.

Lélio s'empressa alors de composer le numéro de son amie avant que l'inconnue ne change d'avis. Par chance, celle-ci décrocha son téléphone presque aussitôt. Elle revenait justement d'une intervention dans le coin et promit de s'arrêter à la villa.


Quelques minutes plus tard, une ambulance se gara devant la propriété et la jeune interne en descendit.


29.6

A cette remarque pleine de bon sens, Lélio se sentit complètement dépassé par les événements. Il poussa un profond soupir.

« Vous ne voulez vraiment pas qu'on appelle la police ?

— Non... je vous en prie... Evidemment, je ne souhaite pas vous voir mêlé à une vilaine affaire... vous, qui avez déjà tant fait pour moi... aussi, je vais partir dès aujourd'hui... Merci pour tout...»


Lélio la retint par le bras, navré de s'être mal exprimé :

« Ce n'était pas le sens de mes propos, croyez-moi... et vous pouvez rester ici tout le temps nécessaire... C'est juste que cette histoire me semble un tel imbroglio... et que vous êtes tellement désemparée... Je voudrais tant vous aider... Accepteriez-vous au moins que j'appelle une amie étudiante en dernière année de médecine et en qui j'ai une entière confiance ?»


28.6


Instinctivement, Lélio la prit doucement dans ses bras, comme on prendrait un enfant malheureux pour le consoler d'un gros chagrin et la berça un moment.


« Là ... là ... Vous ne devez pas vous inquiéter. Je suis sûr que la mémoire vous reviendra en temps voulu. De toutes façons, on ne disparaît pas ainsi dans la nature sans que les gens qui nous aiment ne s'inquiètent de notre sort... Il y a sûrement quelqu'un, quelque part, qui a entrepris des démarches pour vous retrouver...»

La jeune femme se dégagea brusquement de ses bras, l'air inquiet soudain :

« Oui... mais comment saurais-je si cette personne n'est pas celle qui cherche à me nuire ?»


27.6

Quelques secondes passèrent, durant lesquelles Lélio dévisagea la jeune femme d'un air perplexe. Enfin, il se décida à parler :

« Voyons, mademoiselle, on ne peut pas tout oublier de soi. Votre nom par exemple ?

— Ou...oublié...

— Votre âge alors ?

— Oublié, vous-dis-je ! Tout... Tout...»

Blog de lelio : Lélio et le mystère de la femme brune, 27.6

L'inconnue cacha son visage entre ses mains, désespérée.

« Essayez de garder votre calme, mademoiselle et étudions la situation : de quoi vous souvenez-vous exactement ?»

La jeune femme renifla ses larmes, ferma les yeux et se concentra sur les images qui surnageaient à fleur de mémoire :

« Je me souviens... d'un soleil... aveuglant... le désert... la chaleur presque insoutenable... un rapace dans le ciel... et vous... vous penchant au-dessus de moi et m'emmenant jusqu'ici... Mais auparavant... rien... plus rien...»

Elle se tut, submergée par l'émotion et la peur.


12 octobre 2007

26.6


La jeune femme le regardait maintenant sans chercher à dissimuler son angoisse croissante.

« Oh non, cria-t-elle avec désespoir. J'ai... j'ai... j'ai tout oublié de moi !!!!!!!!!!!!!!!! »


25.5

Sans comprendre pourquoi, elle se sentait gauche et mal à l'aise. Cette sensation désagréable, de ne plus maîtriser son destin et de se sentir vulnérable, perdurait depuis son réveil.

Lélio perçut le malaise de la jeune femme et tenta de l'apaiser.

« Y a-t-il quelqu'un que vous ayez envie de joindre pour le rassurer sur votre état et l'informer du lieu où vous vous trouvez ? »

L'inconnue secoua seulement la tête en signe de dénégation, les sourcils froncés et la mine anxieuse, comme si elle essayait de se remémorer un détail d'une extrême importance.

« Pardonnez-moi, je manque à tous mes devoirs, je ne me suis pas présenté : je m'appelle Lélio Lestoile, et vous ? »

L'expression de panique s'accentua davantage !

24.5

Quand elle sortit de la chambre, elle partit à la recherche de Lélio qu'elle trouva assis sur un canapé du salon de jardin, un livre entre les mains. En l'entendant arriver, il referma le livre d'un geste sec et l'invita à le rejoindre. La jeune femme sentit le long regard appréciateur qu'il posa sur sa silhouette et ce regard la troubla. Cela faisait longtemps qu'un homme ne l'avait détaillée de
la sorte. Tiens, oui ? Depuis quand n'avait-elle pas été caressée par un regard masculin aussi flatteur ?

Elle ne se souvenait pas.

23.5

Elle sortit revigorée de son bain et de bien meilleure humeur. Elle se dirigea vers l'armoire, une serviette de bain ceignant sa poitrine et tomba en admiration devant la garde-robe de Texas : ce n'était que vêtements de marque aux tissus somptueux. Elle palpait doucement les matières luxueuses quand sa main s'arrêta instinctivement sur un fourreau de satin rouge, le caressa presque rêveusement. Cette robe lui évoquait quelque chose de lointain ! mais quoi ? Son choix en tout cas était fait.

22.5

Après avoir répandu dans l'eau chaude de l'essence de jasmin, la jeune femme s'y glissa avec volupté, savourant la caresse de la mousse contre sa peau irritée. Elle se savonna doucement, chassa minutieusement jusqu'au plus minuscule grain de sable puis s'accorda quelques minutes de parfait bien-être, immobile, les yeux clos.

Un air de musique enjouée lui parvint... Funky à souhait... Mais il lui était complètement inconnu !

21.5

Lélio passa la tête à travers l'arche.

« Bonjour, mademoiselle, êtes-vous visible ?

— NON !!! » cria la jeune femme en essayant de cacher dans un geste dérisoire sa nudité.

Lélio tourna courtoisement le dos pour ménager sa pudeur.

« J'ai pensé que vous aimeriez prendre un bon bain moussant avant de déjeuner. J'ai laissé des serviettes et des sels de bain sur le rebord de la baignoire. Et... euh... vous pourrez farfouiller dans l'armoire de mon amie pour vous choisir une tenue...euh.. un peu plus décente !

— C'est très aimable à vous ! Mais vous êtes sûr que votre amie ne verra aucun inconvénient à ce que je lui emprunte des vêtements ?

— N'ayez aucune crainte à ce sujet : Texas a pour principe inébranlable de ne porter ses habits qu'une seule et unique fois. Ensuite, elle en fait don à des associations caritatives ! Au contraire, vous lui rendrez service en la débarrassant de ses « vieilles » guenilles ! »

20.4

Le reflet qu'elle découvrit dans le miroir assombrit son humeur, déjà maussade. Ses cheveux pendaient en mèches lourdes et poisseuses et il lui semblait être couverte de sable.

Elle s'apprêtait à saisir la brosse posée sur la coiffeuse quand elle suspendit brusquement son geste : elle avait avancé la main gauche mais ne savait plus si c'était sa main usuelle.

Etait-elle droitière ou gauchère ? Comment pouvait-elle venir à douter d'un geste si naturel et spontané ? Choisissant finalement la main droite, elle commença à démêler ses cheveux gluants avec des gestes lents et maladroits.

19.4

Elle avait l'impression que son corps n'était plus qu'une immense courbature comme si on l'avait roué de coups ou comme si elle avait dû fournir des efforts physiques dont elle n'avait pas l'habitude. Elle tenta de réunir assez d'énergie pour se lever et marcher jusqu'à la coiffeuse. Enfin, après de longues minutes, elle se glissa hors du lit et fit quelques pas chancelants.

18.4 Le lendemain...


Alors que la matinée était déjà bien avancée, l'inconnue ouvrit les yeux et découvrit les murs roses de la veille.

Ainsi, elle n'avait pas rêvé.

Le fauteuil près du lit était vide mais elle entendit au loin un homme chantonner. La réalité de sa situation la rappela douloureusement à l'ordre : ses blessures se ravivaient, lui arrachant un sanglot. Son visage lui paraissait être une immense plaie craquelée et chaque respiration attisait la brûlure de sa gorge gercée.

17.4

Lélio, de son côté, eut bien du mal à s'endormir ! Tout d'abord, il chercha longtemps une position propice à l'assoupissement dans l'inconfortable fauteuil qu'il avait rapproché du lit. Ensuite, le sommeil agité de l'inconnue le tirait par intermittence de sa torpeur. La jeune femme semblait la proie de violents cauchemars et murmurait des paroles sans suite, mais tellement incompréhensibles qu'ils ne permettaient pas d'appréhender le mystère de cette femme.

Enfin, au chant du coq, Lélio s'endormit profondément !

16.4

« Avant de soigner vos brûlures, je dois nettoyer votre peau, expliqua-t-il.

— Je vais le faire moi-même », s'empressa-t-elle de le couper, gênée de permettre à un inconnu un contact aussi intime.

Mais Lélio passa outre ses protestations et se mit à l'œuvre avec une dextérité et un détachement presque médical.

La peau cloquée buvait l'eau imprégnant l'éponge et revivait sous sa fraîcheur bienfaisante. La jeune femme se détendit davantage quand son sauveur appliqua sur ses brûlures la crème apaisante.

Sans s'en rendre compte, elle s'endormit peu à peu sous l'effet bénéfique de ces soins !

15.3

Une main se glissa sous sa nuque et approcha une coupelle remplie d'eau fraîche de ses lèvres. La jeune femme but avidement et à longs traits, oubliant même de reprendre sa respiration.

« Doucement, doucement ! Vous allez être malade si vous buvez trop ! Votre peau est brûlée et elle doit être soignée », continua-t-il doucement.

Lélio disparut dans la salle de bains et revint presque aussitôt avec une éponge mouillée, une serviette et un tube de biafine.

14.3

L’inconnue sentit le balancement d’un corps contre le sien puis un matelas de lit ploya légèrement sous son poids. Elle n’avait donc pas rêvé le beau jeune homme penché sur elle avec inquiétude, elle était sauvée ! Brisée par l’émotion, elle se mit à trembler incontrôlablement. Les souvenirs refusaient pourtant d’affluer : elle avait fui quelque chose ou quelqu’un mais elle ne savait plus exactement pour quelle raison. De désespoir, un gémissement lui échappa.

«Détendez-vous, mademoiselle, vous êtes en sécurité maintenant», la réconforta l’inconnu de sa voix mélodieuse.

Elle reconnut le visage bienveillant penché au-dessus d’elle. Elle soupira de bien-être et enfonça instinctivement sa tête dans le creux de l’oreiller, les yeux clos.

07 octobre 2007

13.3


Il déposa délicatement la jeune femme à l'arrière de son pick-up, la recouvrit entièrement d'une couverture pour la cacher aux regards et s'assit au volant.

Machinalement, il mit le contact, passa la première vitesse et sortit du parking tandis que mille questions assaillaient son esprit.

Qui était-elle ? Qui fuyait-elle ? Et surtout, quel danger représentait-elle ?

Lélio se prit à espérer n'avoir pas agi inconsidérément en lui portant secours sans rien savoir d'elle mais il était maintenant un peu tard pour s'en inquiéter...

Arrivé à la villa de Texas, il resta un long moment les mains appuyées sur le volant, puis il prit une profonde inspiration et sortit de la voiture.


12.3


« Mademoiselle, mademoiselle... M'entendez-vous ? s'enquit-il avec inquiétude.

— Où... où suis-je ? balbutia la jeune femme d'une voix éraillée.

— Ne vous inquiétez pas, mademoiselle, je vais appeler la police et les secours. Vous ne craignez plus rien...

— NON !!!!!!!! s'affola l'inconnue. Attendez un moment... Par pitié... ils... ils sont partout...»

Lélio posa la main sur l'avant-bras de la jeune femme dans un geste d'apaisement : sa peau était aussi chaude qu'un chaudron en cuivre en fusion. Elle avait dû passer des heures au soleil. Son regard s'abaissa sur ses pieds : ils étaient en piteux état, salement écorchés, comme si elle avait marché pendant des heures et des heures sans chaussures.

L'inconnue sentit l'hésitation du jeune homme et tenta d'en profiter.

« Je vous en supplie... c'était horrible... ils... ils ne doivent pas me retrouver... par pitié, aidez-moi... juste... juste pour cette nuit...»

Lélio n'eut pas le temps de répondre, qu'elle avait à nouveau perdu connaissance, épuisée par l'effort qu'elle venait de fournir...


Le jeune homme, obéissant à une impulsion, souleva le corps léger dans ses bras et reprit le chemin en sens inverse, priant pour ne croiser personne sur les quelques cents mètres qu'il avait à parcourir jusqu'à sa voiture...

11.3


Perdu dans ses sombres pensées, il ne remarqua le corps inanimé par terre que lorsqu'il buta contre celui-ci.

C'était une jeune femme brune vêtue de sa seule lingerie...

Affolé, il leva un bras pour appeler à l'aide mais le conducteur qu'il avait hélé continua son chemin.

Un gémissement le précipita auprès de la victime qui à son grand soulagement reprenait conscience...

10.2

Dégoûté par l'ironie de cette situation, il quitta brusquement ses amis et se mit à déambuler au hasard des rues... s'éloignant sans s'en rendre compte de la place où était stationnée sa voiture...

Les mains dans les poches, il pestait contre son manque de chance et la trahison de son meilleur ami, qui, non content de l'avoir mis sur la touche, s'était approprié ses compositions...

Et Texas qui était partie à l'étranger pour promouvoir le lancement de son parfum "Envoûtement"... Qui pourrait le consoler de ce nouveau coup du sort ?

Suzie? Marie-Ange ? Noémie ? Cathy ? Muriel ? Ophélie ?

9.2

Suzie, Marie-Ange, Noémie, Cathy, Muriel, Ophélie... Lélio n'avait pas eu à déployer toute sa palette de séducteur pour faire succomber ces jeunes femmes...

L'attention de Lélio, pourtant bien dissipée par ces douces évocations, fut à nouveau attirée quand Lou évoqua l'émission musicale "Tralalère". Elle expliquait avec beaucoup d'enthousiasme que la fin de l'émission, consacrée à  l'invitation d'un jeune groupe prometteur, avait été marquée la nuit dernière par la prestation du groupe "T'sais koi?" dont on commençait à  parler dans la presse spécialisée...

Lélio mitrailla Lou de questions : quels étaient les musiciens ? les morceaux joués ?

A la lumière des réponses apportées par Lou, le doute n'était plus permis : il s'agissait des membres de SON ancien groupe et des chansons qu'IL avait composées...

8.2

Ce fut une succession incessante de fêtes et de sorties.

Lélio s'étourdissait dans ce monde de la jet set, nouveau pour lui, fait de paillettes et de superficialité...

Texas Kilton n'était pas exclusive en amour et le laissait aussi libre de ses mouvements qu'elle se permettait elle-même quelques écarts.

Lélio, assez cyniquement, s'en accommodait et profitait de la liberté qu'elle lui laissait, n'oubliant pas son seul et unique objectif : percer dans le milieu de la musique et vivre de son talent. Or, Texas était en mesure de lui offrir cette opportunité grâce à ses nombreuses relations.

7.2



Texas Kilton était en fait intéressée par un tout autre talent...


 

Une fois les invités partis, elle entraîna Lélio dans sa chambre comme si la chose allait de soi et fit comprendre à ce dernier ce qu'elle attendait de lui : qu'il lui montre s'il savait s'inspirer d'un autre instrument que sa guitare.

Apparemment, la partition que lui joua Lélio fut à son goût et Texas Kilton garda son musicien auprès d'elle.

6.1

Il était arrivé devant la villa de la jeune femme : d'une taille aussi imposante qu'il se l'était imaginé et infiniment luxueuse...

Texas Kilton l'accueillit dans un superbe fourreau rose qui mettait son corps svelte et son teint brun en valeur.

"Pourvu que ma prestation lui plaise et qu'elle me recommande auprès de ses amis" pria Lélio, qui en avait assez de ne se nourrir que de sandwiches...

La fête battait son plein mais Lélio n'eut jamais à faire montre de son talent musical ce soir-là, ni cette nuit, ni les suivantes...

5.1

Avant qu'il ait pu comprendre les manigances de leur manager, Lélio avait été viré du groupe qui avait pris le chemin des studios situés dans la capitale, à  plusieurs centaines de kilomètres de là .

Encore sous le choc de la trahison, Lélio avait dû se résoudre à jouer dans la rue pour pouvoir payer chaque soir une chambre minuscule dans un hôtel miteux. Jamais il n'aurait cru retomber dans une situation aussi précaire.

Envolés ses beaux rêves de gloire et ses chansons à  succès !

Un autre homme que lui aurait pu se décourager, voire sombrer dans la déprime, mais Lélio était un incorrigible optimiste doublé d'un battant.

5.1

Et un jour, enfin, la chance lui sourit, sous les traits de Texas Kilton, une fille à  papa richissime. Il jouait quelques morceaux de blues, quand Texas s'arrêta pour l'écouter un long moment, subjuguée par la dextérité du jeune homme. Après s'être délestée de quelques piécettes, elle l'invita, lui et sa guitare, pour animer la fête qu'elle donnait le soir même...

4.1

Il était alors en tournée avec le groupe rock qu'il avait formé cinq ans auparavant avec Steeve le batteur, alors son meilleur ami.
On était à la fin de l'été : Zarbville accueillait leur dernier concert de la saison. Deux mois de représentations à travers le pays quasi triomphales qui éloignaient leurs cinq années de vaches maigres et les avaient fait repérer par une maison de disque. Hélas, le manager envoyé sur place pour leur faire signer leur premier enregistrement était une femme fort peu scrupuleuse : vexée d'avoir été repoussée par Lélio, elle avait jeté son dévolu sur Steeve et avait réussi à discréditer Lélio auprès du reste du groupe...

3.1 Pendant ce temps, à quelques kilomètres de là...

Comme à l'accoutumée, une petite cour s'était formée autour de Lélio dès son apparition dans la boîte de nuit la plus fréquentée de Zarbville.

Il faut dire que le jeune homme était doté d'un certain charisme: brun ténébreux à la longue chevelure lustrée, plutôt bien fait de sa personne, drôle, cultivé, charmeur et hâbleur, il ne laissait personne indifférent.

Son côté bohême et anticonformiste fascinait la plupart du temps. Et quand son mode de vie provoquait des réactions agressives, il avait tôt fait de mettre les rieurs de son côté par quelques mots
d'esprit moqueurs...


Pour l'heure, il venait de raccompagner sa cavalière à sa place. Alors qu'Erika s'enthousiasmait pour la dernière exposition de peinture, Lélio perdit un peu le fil de la conversation, repensant non sans une certaine amertume à son arrivée à Zarbville.

06 octobre 2007

Introduction

Introduction

Perdu dans l'azur, un rapace planait, immobile, son œil perçant attiré par la tache claire qui se confondait presque avec le sable.

Une frêle silhouette, à moitié dévêtue, marchait droit devant elle, insensible à  la chaleur et aux pierres qui blessaient ses pieds et tentait de s'orienter grâce à  la position du soleil : rien ne ressemblait tant à  une dune qu'une autre dune de sable.

Les rayons du soleil brûlaient son cou, ses jambes devenaient de plus en plus lourdes, mais un instinct plus puissant que la raison la poussait vers la ligne de l'horizon, toujours plus loin de l'endroit qu'elle fuyait.

Longtemps, le rapace resta suspendu dans les airs. Puis, d'un léger coup d'aile, il vira et s'élança vers l'ouest, à  la recherche d'une proie plus à  sa portée...

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