Un sentiment d'urgence tire la femme des brumes du sommeil. Elle s'assoit brusquement sur le lit, le cœur étreint par une peur irraisonnée. La place à côté d'elle est vide, encore empreinte de la tiédeur du corps qui y reposait quelques instants plus tôt.
  Elle lève les yeux vers la fenêtre contre laquelle cogne une branche malmenée
  par le vent.
Les premières lueurs du jour colorent le ciel de filaments
  de lumières chatoyantes.
  Il doit se trouver sur la plage, comme tous les matins depuis qu'elle le
  connaît. A défier les éléments sur sa planche de bois. Qu'il vente ou qu'il
  pleuve, il ne déroge jamais à ce rituel.
« Comme tous les
  matins ». « Jamais ». Des mots qui prennent une toute autre
  dimension depuis qu'ils savent... et qui la précipitent hors du lit, affolée
  sans qu'elle sache pourquoi.
  Ses pas la portent sur la plage, derrière la maison.
Il est là, au loin,
  sa planche sous le bras, silhouette minuscule, fragile et solitaire face à
  l'immensité de l'océan avec lequel il semble vouloir entrer en communion. Les
  embruns l'auréolent d'une douce lumière dorée tapissant une fresque
  impressionniste.
Saisie par la beauté du moment, la femme se laisse choir
  sur le sable, entoure ses jambes de ses bras et attend.

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